Duo d.’escalier
cirque d.ESPACE PUBLIC
Ce spectacle est une recréation pour chaque nouveau lieu. Nous réécrivons le contenu à partir d’une structure existante en fonction de l’escalier que nous investissons. Nous nous attardons sur la vie du lieu, l’usage qui est fait de ce mobilier, l’architecture particulière qu’il peut nous offrir et les éventuels passants et/ou habitants des bâtiments attenants. Chaque représentation est alors unique. Nous adaptons notre pratique physique aux différentes matières et aspérités des marches, à la solidité des rambardes et des rampes. Ce n’est pas le nombre de marches qui définit la possibilité de jeu mais l’espace au bas de l’escalier pour y placer et faire circuler le public.
En travaillant sur le point de vue, les lignes bougent, s’étirent, rétrécissent, les plans s’éloignent, se rapprochent. Nos corps et nos regards passent du mobile à l’immobile, l’espace se modifie, et pourtant révèle des invariants. Il est question de regards, partagés ou intimes, néanmoins vécus. Nous essayons d’amener le public dans une expérience immersive à la fois sonore et physique. L’objectif est qu’il pose les yeux, tende l’oreille sur des détails révélés par des mots et des corps. Le public est invité à parcourir de petites distances afin de prendre une nouvelle posture d’observateur. Voir les choses autrement grâce à un simple déplacement.
Installation de micros sur site pour une captation et un mixage en direct. Il s’agit là encore d’une écriture in situ. Nous travaillons les sons du lieu qui varient selon l’heure de la journée, du temps, des flux et circulations. Nous enregistrons également des mots, des observations de détails, de petites choses, de sensations dès notre arrivée dans l’espace.
A son arrivée le public est équipé d’un pod FM et d’écouteurs (ou casques selon les cas). Nous émettons par ondes radios dans le creux de l’oreille ce qui est capté en direct. Nous avons cherché à ne pas le couper de son environnement sonore proche tout en créant une certaine intimité, une adresse à la personne plutôt qu’au groupe tout entier. Nous avons souhaité créer une sorte de réalité augmentée dans laquelle est plongé le public. Des indications à suivre lui sont données à différents moments de la représentation.
Le public est réparti en plusieurs groupes. Chaque groupe reçoit en plus de son équipement audio un plan lui proposant un itinéraire. 4 repères sous forme de pictogrammes donnent des points d’observation à retrouver. Par 3 reprises au cours du spectacle le public sera amené à se déplacer. Un signal sonore lui indiquera, le moment venu, qu’il peut poursuivre son chemin et passer à l’étape suivante. Nous initions des changements de perspectives pour percevoir l’espace, les pleins et les vides, un peu comme une chasse au trésor.
En des instants communs les groupes sont amenés à s’organiser, s’orienter et se déplacer. Il y aura à coup sûr des guides, des accompagnants, des suiveurs et peut-être même des réfractaires. Ces mouvements de groupes créent des circulations et des flux dans des espaces qui parfois en sont dépourvus. L’escalier est avant tout un lieu de passage dans lequel il n’est pas toujours aisé de co-habiter, de co-exister. Souvent en bout d’issue de secours, la foule s’engouffre dans ses marches au risque de chuter.
Il s’agit là de la question essentielle du spectacle. Prendre le risque de se rapprocher. De se rencontrer. De tisser des liens. Regarder l’autre sous un angle nouveau. D’un peu plus près.
Nos points communs, nos différences, nos complémentarités. Ou bien peut-être est-il préférable de prendre de la distance pour apprécier les choses dans leur ensemble.
L’ensemble. Celui du début. Celui du groupe. Celui que l’on n’a pas forcément choisit. Faire partie d’un tout. Faire masse. La prise de risque comme vecteur de mouvement.
Se soulever. S’élever. Avec toujours comme épée de Damoclès, la chute. S’assurer qu’il y a quelqu’un pour nous rattraper. Une rampe à agripper, garde-corps. Modérer son élan, trouver les interstices. Morceler les pas au rythme de la marche. Essayons tout de même de prendre de la hauteur. Ensemble.
Deux corps du quotidien dans un premier temps, révélateurs du lieu et de l’espace. Usagers du commun, circulant, stagnant, perturbant le flux.
Deux corps circassiens habitués à la chute, à la suspension les pieds dans le vide, à la rudesse des marches à dégringoler.
Deux corps aux énergies distinctes qui appréhendent le risque de façons différentes. Tête brûlée, engagé à braver la chute ou prudent et assuré à observer tranquillement ce qu’il pourrait arriver.
Et puis deux corps qui n’en forment plus qu’un. Un gloubiboulga de membres enchevêtrés dévalant la pente. Le jeu malicieux du Cap ou pas cap.
Porter un poids. Celui de l’âge et des expériences. Le sien. Celui de l’autre. La charge physique, mentale, sociale. Se supporter, s’entraider. Et enfin la charge émotionnelle de s’être rapproché.
Distribution
Auteures : Camille Fauchier et Laetitia Vieceli
Interprètes : Camille Fauchier, Laetitia Vieceli en alternance avec Camille Henner
Accompagnement dramaturgique et mise en espace :
Laure Terrier, Cyrielle Bloy et Lauriane Chamming’s
Création sonore et sonorisateur live : Soslan Cavadore
Régie générale et accueil des bénévoles : Fanny Veron